Si personne ne se demande aujourd’hui pourquoi le .FR est le ccTLD utilisé en France, les choses ne sont pas toujours aussi évidentes. On sait peu que ces codes à deux lettres proviennent en fait d’une norme internationale nommée ISO 3166 dont une variation était déjà utilisée. à la grande époque du Pony Express ! Lorsque, au milieu des années 80, des pays ont souhaité se raccorder à Internet, l’américain Jonathan Postel - créateur de l’IANA, ancêtre de l’ICANN - a utilisé cette vénérable liste pour déterminer les codes à utiliser. C’est ainsi que le .CS aurait du être utilisé par la Tchécoslovaquie mais ce pays a disparu pour donner naissance à la République Tchèque, dont le code, actif aujourd’hui est le .CZ. Le .CS était donc supposé « disponible » et a été attribué le 23 juillet par l’organisme ISO à la « Serbie-Montenegro » qui remplace la Yougoslavie (dont le code .YU est lui aussi actif aujourd’hui). Attribuer un nouveau code correspondant mieux au nom géographique du pays est louable mais pas sans conséquence : les noms de domaine existant en .YU doivent bien sûr être conservés et pas purement et simplement remplacés par des .CS sous peine de mettre à mal la stabilité du Réseau. Mais surtout, la portée de la classification ISO va beaucoup plus loin que les ccTLDs ! La British Library souligne par exemple qu’il est utilisé pour classer les ouvrages par pays. verra-t-on dans les mêmes rayonnages des ouvrages Tchécoslovaques d’avant 1990 cohabiter avec des livres Serbes de 2003 ? Le débat n’est pas encore tranché aujourd’hui. On peut en revanche regretter la neutralité affichée de l’ICANN qui, en ne voulant pas « définir ce qu’est ou n’est pas un pays » selon les mots de son PDG, laisse planer un doute qui ne rend pas service à communauté Internet.

Voir http://www.iso.ch/iso/en/prods-services/iso3166ma/index.html

JCV & SB