Depuis plus de 11 heures, le site internet du principal revendeur et gestionnaire du .com (www.networksolutions.com) est inaccessible.
Tout a commencé le 8 janvier dernier lorsque la communauté des Registrars (Bureaux d’enregistrement accrédités ICANN), se rend compte d’une nouvelle traîtrise du Registrar historique. Tous les noms recherchés sur son site devenaient immédiatement indisponibles à l’enregistrement pour une simple raison : ce Registrar récupérait le résultat de votre recherche en live sur son site, et en cas de disponibilité du nom recherché, il l’enregistrait à son propre nom dans le but d’être le seul capable de le revendre. Sa logique était aussi simple. Il suffisait de se dire que si un nom est recherché et disponible, c’est qu’il représente un intérêt.
Le registrar attaqué de tous fronts par ses concurrents, se range derrière des arguments de protection, de sécurité et de service à ses clients mais la communauté n’est plus dupe. Si c’était une autre personne que Networksolutions, on aurait pu le croire et du fait de l’absence de lien entre la plateforme Registre /Registrar du protagoniste, sa politique même lourde financièrement aurait été acceptée. Dans la situation actuelle, les millions de dollars devant être déboursés pour enregistrer les noms disponibles sortent de la poche Registrar de Networksolutions pour rentrer dans sa poche Registre ce qui en pratique se traduit par une annulation comptable du fait que la firme appartient au registre Verisign.
Cette fois-ci, la communauté de plus en plus internationale semble avoir rendu sa propre justice par une sanction immédiate, sans attente d’une décision de justice quelconque, la saturation du site via des attaques venant de tous pays l’obligeant à saturer et donc ne plus répondre. Google ou Yahoo ! avaient aussi reçu les mêmes types d’attaques en 2002 et 2005 mais les impressionnantes ressources des firmes californiennes avaient pu déjouer le coup en quelques minutes. Contacté par notre rédaction, Netsol précise que l’arrêt des services a été volontaire et n’a aucune relation avec ses récentes décisions.
Depuis le 21 avril 1999 que Networksolutions a perdu son monopole en matière de gestion de deux des trois seules extensions disponibles lors du lancement du système DNS (Système de Noms de Domaine), son comportement de voyou avait déjà attiré les foudres de toute la profession.
Dès le début des années 2000, le Registre qui jouait aussi le rôle de revendeur direct, voyant fuir cette manne financière vers une politique de libre concurrence arrachée des mains du gouvernement américain (Department of Commerce) par l’ICANN, décide d’afficher sa propre page sur toutes les recherches ou saisies de noms encore disponibles sous le .com. Cela revenait à ignorer le marché tout entier ainsi que les autres revendeurs spécialisés dans la gestion de noms puisque le visiteur se voyait proposer d’acquérir le nom recherché via son site. Sous la pression juridique et morale de l’ICANN, le registrar condamné cède et revient donc sur sa décision mais réalise entre-temps un gain estimé par les avocats des demandeurs à plus de 15 millions de dollars sur plusieurs années - qu’il ne remboursera jamais. Mais le registrar ne s’arrête pas là.
Dès 2003, il bloque systématiquement toutes les demandes de transferts sortants vers un autre registrar emprisonnant ainsi des millions de noms et mettant en avant la défense de la sécurité de ses clients ou encore des vols de noms ! Une fois de plus, l’ICANN est obligé d’intervenir en sortant son artillerie juridique pour obliger tous les registrars à tenir à disposition de tout autre demandeur, un contact chargé du bon déroulement des transferts.
Networksolutions ne s’est jamais remis de sa baisse dramatique de chiffre d’affaire qui était essentiellement généré par une situation de monopole, de la nouveauté et la grande disponibilité des noms sous 3 uniques extensions de l’époque et du prix annuel élevé de 120 USD par nom de domaine.
Le comble est dans le fait que ce registrar tente de récupérer depuis 2005 la plupart des extensions dans lesquelles son nom a été enregistré, trouvant injuste le fait qu’une tierce personne puisse prendre possession de son bien, son identité sans le lui avoir demandé !
C’est pour ainsi dire une constante bataille entre la force et la raison qui anime les réunions de l’ICANN, à l’issue desquelles les registrars s’attendent ironiquement et presque toujours à une surprise...
Sam Syamak BAVAFA Pour Domaine.info