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Nouvelles tensions entre l’ICANN et l’Europe ? - 15-Juin-05

15 juin 2005 14:31

Si les observateurs s’accordaient à trouver le dernier meeting de l’ICANN en Argentine un peu plat (voir notre édition précédente), il a cependant été le cadre d’un nouvel épisode du combat « ICANN contre les ccTLDs ». Nos lecteurs les plus fidèles savent que cette « gué-guerre » n’a rien de nouveau, mais elle a pris un tour particulièrement vif et surtout extrêmement public au travers de plusieurs interviews données par Paul M. Kane, le président du CENTR (Council for European National Top-level domain Registries, l’union des ccTLDs européens) et de courriers, regroupés comme le veut l’usage, sur le site de l’ICANN, entre MM. Kane et Verhoef, qui, lui, représente l’ICANN en Europe. L’examen de ses documents – accessibles à tous – permet constater que les griefs des ccTLDs européens contre l’ICANN vont s’intensifiant alors que Paul Twomey est sur le point de fêter ses deux ans à la tête de l’organisation américaine.

La polémique peut en fait se résumer en une phrase, dans la lettre que l’anglais Kane a envoyé à l’ICANN le 29 avril : « J’ai indiqué dans une interview qu’ICANN gardait notre préférence comme ‘fournisseur de service’ ». Censée rassurer, cette dernière expression est parfaitement révélatrice de l’état d’esprit des ccTLDs : bien sûr l’ICANN est toujours « en course » mais ce n’est que comme un vulgaire « fournisseur de service », au même niveau qu’un pourvoyeur technique chez qui on s’adresserait pour bénéficier d’une prestation, Internet, gaz, eau… pour lesquelles les anglais sont habitués à avoir le choix et à changer en permanence pour un meilleur rapport qualité-prix ! A l’heure où l’ICANN se veut de plus en plus un « Gouvernement de l’Internet » l’analogie à de quoi faire bondir… Elle s’explique cependant car c’est bien l’IANA, fonction technique par excellence de l’ICANN, qui provoque toujours des remous : les modifications d’adresses de serveurs (ceux qui permettent aux utilisateurs d’Internet d’accéder à un site en utilisant un nom de domaine) qui doivent être extrêmement rapides pour maintenir la stabilité du Réseau, prennent, selon les ccTLDs toujours trop de temps. Mais ce n’est pas tout ! Kane persiste : « les ccTLDs reprochent à l’ICANN de vouloir trop en faire et ainsi de perdre le sens de sa mission » et de citer l’exemple des Noms de domaine Internationaux pour lesquels l’ICANN tient à conserver et contrôler le « texte de référence » (qui détermine les règles de transformation d’une chaîne de caractères d’un langage à l’autre)… alors que les ccTLDs et les organismes de normalisation comme l’ISO gèrent déjà le problème tous les jours au niveau local ! Ces échanges épistolaires pourraient être considérés comme une péripétie supplémentaire dans une histoire déjà ancienne. Pourtant, le « ras le bol » des ccTLDs dont nous nous faisons parfois l’écho ici semble de plus en plus important. L’Union Internationale des Télécommunications semble une alternative crédible à certains (La Pologne et la Suisse notamment), et la « valeur ajoutée » de l’ICANN de plus en plus difficile à trouver. « Le moins mauvais système, à l’exception de tous les autres »… Oui, mais pour combien de temps encore ?

JCV & SB

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